1. LA REUNION ET LA DEPENDANCE ALIMENTAIRE


"Avec 850.000 habitants, La Réunion de 2017 n'a plus rien à voir avec celle de 1939 !"


A. LA POPULATION.

Elle est aujourd'hui de plus de 850.000 habitants, soit environ quatre fois (4 X) la population de 1939, avec une densité de 320 habitants au km² et un taux de chômage de plus de 25 %. Les actifs du secteur primaire (agriculture, pêche, sylviculture, .) ne représentent plus que 1.2 % de la population active.
95 % des habitants vivent en zone urbaine et l'espérance de vie moyenne est de 81 ans environ.


Il faut environ onze heures de vol pour atteindre la métropole et 22 à 30 jours de navigation.
79 % des Réunionnais s'approvisionnent en grande surface et l'alimentaire représente 18 % de leur budget.



B. PRODUCTION ET AUTONOMIE ALIMENTAIRE EN 2017.

A une de mes connaissances du monde agricole à qui je posais la question ;

" En cas de crise majeure, au bout de combien de temps pourrions nous atteindre une forme d'autonomie alimentaire à La Réunion ? ".

Sa réponse fut, " Jamais ! ".

Effectivement, si cette autonomie n'est pas atteinte en temps normal, nous en aurions  encore moins la capacité en cas de crise. Faute d’énergie en premier lieu et pour bien d'autres raisons ensuite (engrais, distribution d'eau, alimentation du bétail, etc. ).

En 2010, plus de 24.000 hectares sont dédiés à la culture sur-sur-subventionnée de la canne à sucre. Cela représente environ 57 % des Surfaces Agricoles Utilisées (SAU) et 50 % des exploitations.


Malgré une productivité en hausse et une diminution notoire du nombre d'exploitants au cours des dernières décennies, selon Francois Benito, l’Île est en mesure de n'assurer que 15 % de ses besoins alimentaires de la population (2020) !

Voyons la situation actuelle d'un peu plus prés

      1. L’Élevage.

En 2017, selon l'Urcoopa, 100 % des besoins en œufs frais étaient couvert, 51 % pour le porc, 37 à 41 % pour la volaille, 36 % pour le lait et 30 % pour le bœuf produits frais et transformés confondus.

Pour la chambre d'agriculture :

Production de viande de bœuf 1.800 t et importation 3.600 t (26 à 33 % des Besoins Couverts).
Production de lait 20 millions de litres et importation 140 millions de litres (12 % des B.C.).
Production de viande de Porc 11.170 t et importation 11.800 t (50 à 55 % des B.C.).
Production de viande de volailles 8.700 t et importation 19.100 t (32 à 42 % des B.C.).
Production d’œufs 110 millions et autosuffisance (100 % des B.C.).
Production de viande de lapin 400 t et importation 400 t (50 % des B.C.).
Production de viande de cabri 500 t et consommation locale 800 t.
Production de viande de mouton 5 t et importation 800 t.
Production de viande de cerf 12 t et consommation 160 t.

A moins de ne manger que des oeufs, la Réunion est encore loin, très loin, de son autonomie alimentaire.


      2. La Culture fruitière.

Exploitée sur environ 2.800 Ha et avec 40 espèces différentes, la filière fruit répond à 70 % des besoins alimentaires en frais et 5 % en produit transformés (conserves, fruits secs, jus, etc.). Seule la production de bananeS répond à 100% des besoins locaux, suivit de l'ananas, des letchis, des mangues et de quelques agrumes locaux.
Pour ce qui est des pommes, oranges et clémentines, elles sont en grande partie importées.

La production locale est de 40.000 t (exportation 1.800 t) et les importations 15.500 t.



     3. Le Maraîchage.

Représentant un peu moins de 2.000 Ha, il couvre à la Réunion 72 % des besoins en produits frais constitués essentiellement par les brédes, tomates et salades.
Pommes de terre, haricots, ails et oignons sont quant à eux majoritairement importés.
La production locale s’élève à 54.500 t (exportation 20 t) et les importations 21.800 t.

 
     4. La Pêche.

Le poisson est principalement importé surgelé ou séché.
Indépendamment de la pêche industrielle et hauturière, il existe une "pêche côtière" qui représente environ 2.700 t, dont 46 % pour le thon, 36 % pour l'espadon, 6 % pour le requin.Tous produits confondus, la consommation de ceux de la mer s'élève à la Réunion à environ 7.000 t (soit 11 à 15 kg/an et par personne) dont une très grande partie (surgelés et/ou séchés) est importée. Les Réunionnais ayant un gout acquis pour le "carry rouge" et la morue, plutôt que l'espadon et le thon.

Pour plus d'éléments documents à télécharger sur :
Ministère de l'Agriculture (La Réunion)




C. L'AUTOCONSOMATION.
                  
C'est un élément important en ce qui concerne la capacité de survie des Réunionnais.
Elle ne concerne malheureusement que les 18 % de la population possédant au moins un jardin potager, voire, une cour pour y élever quelques volailles.


Celle-ci se décompose en :
- 38 % de fruits.
- 31 % de légumes.
- 16 % de viande.
- 11 % d'œufs, de lait et de fromage.
- 2 % de poisson.
- 2 % d'autres produits.

Mais elle ne se substitue pas au budget alimentation (1100€ / an), s'ajoutant à celui-ci  elle se définirait plutôt comme une "autoconsommation de confort".

Néanmoins, elle permet de déduire qu'en cas de crise majeure, cette partie de la population aurait des chances de survie plus importantes (sous certaines conditions...)  que les 82 %  de la population totalement soumis à la distribution.






Port maritime (à 800 m) vu de la centrale thermique Est

et au fond la SRPP à 4 km.




D.LES IMPORTATIONS ALIMENTAIRES.

57.5 % des produits importés viennent de la métropole, nous retrouvons ensuite l'Asie avec 20.8 % (Singapour, Chine,.),  12.7 % d'Europe (Allemagne, Italie, Espagne, ..), puis l'Afrique (Afrique du Sud ) avec 2.9 %.
Plus régionalement donc, l'Afrique du Sud-Est notre premier fournisseur (de charbon) et les iles de l'Océan Indien Île Maurice et Madagascar) ne représentent que 1.2 % des importations (source INSEE, 2015).

INSEE IMPORTATIONS 2015

  
En 2014, les principaux produits alimentaires importés étaient :

- La viande, en augmentation depuis 4 ans, elle représente au total 36.000 t.
- Les fruits et légumes (frais, conserves, surgelés, etc.), dont la quantité varie en fonction des aléas climatiques.
- Les produits laitiers, dont les importations sont en augmentation.
- Les poisons et crustacés.
- Les boissons.
- Les céréales : 45.000 t de riz, 55.000 t de blé (dont 13.000 t pour la farine), 21.000 t d'orge, 108.000 t de maïs pour l'alimentation animale.

Les importations de viandes sont en provenance (Source DAAF 2012) ; d'Europe (31.500 t) dont France (18.000 t), de Namibie (391 t), de Nouvelle-Zélande (307 t) et d'Australie (202 t).

Les importations de fruits sont en provenance (Source DAAF 2012) ; d'Afrique du Sud (8.900 t), Europe (3.600 t dont France 2.300 t), Egypte (2.000 t), Israël (1.200 t).

Les importations de légumes sont en provenance (Source DAAF 2012) ; d'Inde (5.400 t), Chine (3.700 t), Europe (2.800 t dont France 2.200 t) et Madagascar (1.500 t).

Les importations de poissons sont en provenance (Source DAAF 2012) ; d'Europe (2.400 t) dont France (1.200 t), Vietnam (2.000 t), Z.O.I (700 t), T.A.A.F. ( 600 t), Inde (425 t) et Afrique du Sud (440 t).

Concernant le riz, base de l'alimentation de notre île (Source DAAF 2012) .
Importé principalement d'Europe jusqu'en 2004, il provient principalement aujourd'hui ; du Cambodge (21.500 t ), de Thaïlande (14.000 t), d'Inde (10.000 t) et du Pakistan (1.400 t) . 
(NDR/ Bien, qu'en baisse la consommation représente en 2015, 55 kg par habitant (62 kg en 2006, 75 kg en 1996), soit environ 15 X la consommation en métropole et 5 containers par jour...).

A cela vient s'ajouter l'huile dont la consommation par habitants est d'environ 20 l par an
contre 8 l en métropole.


Plus de détails:
Wiki territorial

 
 
D. LES STOCKS ALIMENTAIRES STRATEGIQUES.

Dans ce domaine, les données sont assez rares, voire, confidentielles ...
Interrogée sur les capacités de l'état à assumer, une crise médiane ou majeure, la préfecture répond ...
" C'est une affaire de sécurité nationale ! " Elle ne souhaite donc pas vraiment communiquer sur la question (Panapress, 2006).
Cette attitude qui fait penser à celle du gouverneur Duprat lors de l'épidémie de grippe espagnole en 1919. Cacher la réalité au peuple pour éviter la "psychose", telle a toujours été la "stratégie" de nos hauts fonctionnaires d'état..!
Ou peut être, est ce pour camoufler une totale négligence ? 
On peut se souvenir, plus récemment, de l'histoire de la pénurie de masque FFP1 et FFP2 en pleine pandémie...

Contrairement à l’île Maurice qui possède deux navires d’État destinés à assurer le ravitaillement de la population en cas de crise majeure, à La Réunion, cette tache reste assurée par des compagnies maritimes privées...
Qu'adviendra-t-il, si celles-ci devaient s'arrêter ou ralentir leurs activités ? (NDR/au 24 mars 2022 cette situation semble se concrétiser)

Par ailleurs, les dimensions et les installations du Port des Galets ne permettent qu'un stockage limité à 45 jours (en 2003), d'où l'effet de saturation en période post-cyclonique lorsque tous les navires arrivent à quai en même temps (janvier 2017) ...

De plus, les principaux importateurs semblent pour des raisons économiques, fonctionner à flux tendus sans envisager de stocks stratégiques.
Pour Henri Grondin de la société d'importation Riz du Capricorne, nous avons en temps normal une réserve de deux mois (2003).
Cette capacité de stockage est limitée par la difficulté de conservation du riz dans des conditions de chaleur et d'humidité selon Marc Gautheron de la Soboriz (2015).

Cela signifie sans rush de la population dans les magasins, ce qui est en cas de crise majeure une hypothèse peu probable. 
Souvenons-nous de la panique provoquée en 1991 lors de l'annonce de la deuxième guerre du Golfe.

En comment oublier que la moindre grève, le moindre cyclone ou la moindre promotion, provoquent des scènes d’hystérie dans les magasins et stations essence ?

Tel qu'en 1941, avec le contre-torpilleur Le Léopard, il est à espérer que la Marine Nationale prendra le relais, à l'exemple de l'initiative du Préfet Capagorry, pour aller se ravitailler. 
Mais où, sur quels accords et en quelles quantités ?

 

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