EPIDEMIES, CATACLYSMES ET CONFLITS

Sont les principales catastrophes qu'a connu La Réunion au cours des siècles.

L'Histoire étant riche d'enseignements, revenons un peu plus en détails sur la nature de ceux-ci, leurs causes, leurs conséquences, matérielles et humaines, etc.



I. LES EPIDEMIES.
 
L'Epidémie est en terme de pertes humaines le principal fléau qui a touché La Réunion au cours des siècles.
C'est environ 25% de la population qui disparu par la variole en 1729, plus de 2.000 personnes périrent du choléra en 1859 et enfin, la dévastatrice "Grippe Espagnole" qui emporta au moins 7.000 hommes et femmes (voire, 20.000 selon certaines estimations).
Puis, ce sera malheureusement sans compter sur le paludisme qui a sévi 50 années durant et qui fut la cause d'environ 25 % des décès annuels.
L'Origine géographique de ces épidémies est principalement située en Orient (Inde, La Mecque, …), suivie par Madagascar, L'Afrique de l'Est et les Comores.

Une variante locale de la peste appelée Lymphangite Infectieuse, ainsi que la lèpre (encore présente de nos jours) puis la syphilis firent aussi leur apparition.



Jeune lépreux de 13 ans et demi (moulage), Ile Bourbon 1884 (Source BIU Santé)
 


Les migrations humaines, volontaires ou non, sont la principale origine de ces épidémies (Ndr/ regrettable que nos "énarques" n'en aient toujours pas pris compte…), suivies des effets post-cycloniques et du manque de médicaments, qui provoquèrent la réapparition de la tuberculose, de la diphtérie, du tétanos, etc.

La durée d'une épidémie est variable, allant d'environ 3 à 6 mois, parfois par 2 vagues successives de 3 mois ou, à une récurrence comme ce fut le cas pour le paludisme.
 
Nous savons aujourd'hui que le développement d'une épidémie est la conséquence de plusieurs facteurs mais ceux-ci sont souvent amplifiés par ;
 
- L' Incurie

- l’Incompétence des représentants de l’État et parfois même leur lâcheté.
 
Ainsi, pour mémoire ;

- Le "conseiller" du gouverneur Hubert Delisle, Julien Gaultier de Rontaunay qui, par appât du gain et conflit d'intérêt, fut directement responsable de l'épidémie de Choléra en 1859. La "justice" ne prononcera aucune condamnation contre les responsables de cette tragédie et De Rontaunay fut simplement mis à la retraite anticipée par son ami gouverneur.

Bilan : 2.214 morts.

 
- Le gouverneur Duprat cachant autant qu'il le put l'épidémie, déclara en 1919 qu'il ne tenait pas à "affoler la population". Lequel, de son coté tentait, dans le même temps, de fuir le chaos provoqué par la Grippe Espagnole. Pathologie traitée à coup de cachet d'aspirine,  (Doliprane ?)d'eucalyptol, de camphre, … 



En effet, il voulu embarquer en "misouk" à bord du navire "Orénoque"  révélation que fit Henri Nativel du journal Le Peuple.

Bilan : Entre 6.000 et 15.000 morts selon les estimations.
 
- En 2005, le préfet Dominique Vian auto-surnommé ; "l'Etat c'est moi", affirma que l’épidémie de Chikungunya était « bénigne et que l'hiver austral aura raison du moustique vecteur de la maladie ».

Bilan : 203 morts et 35% de la population touchée.

(Ndr/ Il fut démis de ses fonctions de préfet des Alpes maritimes en 2008.)
 

 
De Rontaunay, Duprat et  Vian, "Nout l'éro Péi".


Puis en 2019, vint la Covid 19 …

Pathologie traitée à coup de cachet d'aspirine (Doliprane ?), d'eucalyptol, de camphre, comme en 1919 !

Gérée par le préfet Jacques Billant et sa "conseillère" Martine Ladoucette (ARS), ces fonctionnaires d'Etat firent preuve d'autant d'incurie que leurs prédécesseurs lors des épidémies des siècles passés.

Mais cela fera l'objet d'un article à venir...😊


Photos Zinfos 974
 
Nul besoin d'autres exemples pour démontrer "l'efficacité" des services de l'Etat dans la gestion des épidémies dans toute l'Histoire de La Réunion. 




II. LES CATACLYSMES.

Le Cyclone est bien entendu le cataclysme naturel le plus commun à La Réunion.

Plus qu'en terme de pertes humaines, ses effets se font ressentir sur les infrastructures, les réseaux et l'agriculture puis par répercussion, sur l'économie et la santé publique.

A La Réunion, ce sont très souvent les pluies torrentielles, plus que les vents, qui furent à l'origine des destructions et pertes humaines. 
Bien qu'à l’époque de la marine à voiles, les houles cycloniques emportèrent bien de valeureux marins.

Mais aujourd'hui c'est d'avantage l'inconscience qui est en "pôle position" dans le nombre de disparus.


     - Le 21 et 22 Mars 1904, baptisé "Siklonn do fé" par les anciens à cause des nombreux orages, ainsi la destruction de toute la végétation littorale (brulée par l'addition : Sel + Chaleur + Vent).
D'une grande violence, avec un possible passage de son centre sur Saint-Denis le 21, il fut comparé à ceux de 1863 et 1718, à tel point que le journal "La Patrie Créole" évoqua :
"La fin de la colonie". Ce dernier fit plus de 30 morts et 8.000 sinistrés.
Dans un geste de solidarité Madagascar et l'Île Maurice envoyèrent très rapidement de l'aide alimentaire.

     - Le 4 Février 1932, arrivé par le Nord-Ouest (10 % des cas), ce cyclone fit connaître un semblant d'Enfer aux habitants de la zone comprise entre la Pointe-des-Galets et Saint-Leu, ville qui fut quasiment rayée de la carte.
Son œil passa à l'Ouest avec des rafales de vent supérieures à 300 km/h.
En 90 minutes de chaos, il fit environ 90 morts.
Saint-Paul fut inondée, le Port-des-Galets fut obstrué par des navires coulés.
Qualifié de "démolisseur d'églises", le météore a détruit de nombreux bâtiments en pierre et fit plus de 41.000 sinistrés (soit 20% de la population).
Un semblant de secousse sismique fut même ressentie juste avant la plus forte rafale de vent.

     - Le 26 et 27 Janvier 1948, 165 morts et 15.000 sans-abris.
Très probablement le plus mortel de toute l'Histoire de La Réunion, le phénomène fut qualifié de "Cyclone Atomique", référence à l'histoire contemporaine, mais aussi à cause de son aspect apocalyptique.
Des rafales à plus de 300 km/h ajoutés à des pluies diluviennes (jusqu'à 625 mm en 24h), firent 58 morts rien qu'à Saint-Paul et causa la perte, de 90 % de la culture vivrière et 30 % de la canne à sucre.
Le Port-des-Galets subira un raz-de-marée, les ponts et les routes furent emportés et comme en 1932 une secousse sismique sera ressentie durant l'événement.

C'est le dernier cyclone cataclysmique qu'a connu La Réunion..!


     - Le 28 Février 1962, le cyclone Jenny, surprenant toute la population qui vaquait à ses occupations, des rafales de vent supérieurs à 250 km/h parviendront (comme en 1948) à desceller de nombreuses habitations de leurs fondations. Saint-Benoît, Saint-André, Saint-Denis ainsi que Saint-Paul furent les villes ayant le plus souffert du cyclone. 
Pour la première fois, l'Etat fut mis en cause, par la carence et le manque d'organisation des secours mais aussi, pour l'inefficacité de ses services météorologiques. 
Le cyclone Jenny fit 37 morts et 150 blessés.

     - Du 17 au 27 Janvier 1980, le cyclone Hyacinthe et sans doute le dernier "chaos" connu par les habitants de La Réunion. Historique par le niveau de ses précipitations, 9 jours de pluies incessantes, qui provoqueront de nombreux glissements de terrains engloutissant des maisons et leurs habitants à Grand-Ilet. Salazie restera isolé du Monde pendant presqu'un mois.
Les réseaux routiers, électriques, téléphoniques et hydriques furent très endommagés et des pertes importantes au niveau de l'agriculture et de l'élevage furent à déplorer.
80.000 rations alimentaires, 10.000 couvertures et 4.000 lits seront acheminés vers la Réunion.
Des distributions de chaux vive (désinfectant et antiseptique), d'Eau de Javel (traitement de l'eau), de grésil (désinfectant et désodorisant ménager) et de raticide furent effectuée dans certaines zones de l'île afin de prévenir tout risque épidémique. Ce météore fit plus de 25 morts.

Autres cataclysmes ayant touché La Réunion :

- Les éboulements ou glissements de terrain (hors cyclone), n'ont fait de victimes qu'une seule fois à Salazie lors du drame du Gros-Morne en 1875 et ses 65 disparus.

- Les Invasions de sauterelles et de rats.






III. LES CONFLITS.

On ne peut à proprement parler de "Révolution" ou de "Guerre" à La Réunion, mises à part les batailles de Saint-Paul (environ 100 morts)  et de La Redoute (1809-1810) contre les Anglais.
Néanmoins, ce sont plutôt les effets indirects des conflits européens qui se firent ressentir, très souvent sous forme d'embargo, qui ont provoqué disettes, famines et recrudescences de pathologies.
Dans un autre registre, l'esclavagisme et les conflits sociaux furent aussi à l'origine de véritables tragédies.
 
     - Année 1752, pour faire face aux pillages incessants dont sont victimes les colons,
le gouverneur Delozier-Bouvet met en place une véritable chasse à l'homme contre les esclaves marrons. 
Il s'en suivi le massacre de plus de 120 d'entre eux
Parmi les chasseurs de marrons, on remarquera le créole François Mussard, natif de Saint-Paul, qui se distingua particulièrement par son assiduité à éliminer les esclaves en fuite. 
Ce zélé collaborateur fut récompensé en 1754 par la Compagnie des Indes qui lui offrit un fusil et une paire de pistolets à crosse d'argent.
 
     - L'insurrection de  1798-99 fit suite au chaos de la période postrévolutionnaire, lorsque l'Etat décida de réclamer les arriérés d'impôts dus par la population … 
Naturellement il en découla une révolte et 400 insurgés soutenus par une partie de la garde nationale, envahirent Saint-Leu en signe de protestation. 
Une nouvelle rébellion eut lieu en 1799, qui déboucha sur la condamnation à mort de deux hommes et par l'exil de 65 autres. 
Parmi ces derniers, certains parvinrent à Madagascar, tandis que d'autres périrent mystérieusement en mer juste avant d'atteindre les Seychelles
 
     - Le 8 Novembre 1811, une centaine d'esclaves de Saint-Leu et du Gol qui souhaitaient profiter de l'instabilité provoquée par la présence anglaise et le désarmement de la population, décida de monter un complot contre leurs maîtres. 
Pourtant treize fois plus nombreux que les blancs dans cette partie de l'île, ces esclaves furent dénoncés voire, même combattus, par leurs propres compagnons de misère.
Dans cette tragédie, 2 colons et 20 esclaves perdirent la vie au combat.
En 1812, après un procès mené par la justice anglaise, 30 prisonniers furent condamnés à mort et exécutés.
 
     - Décembre 1868, après des années d'exaspération, de privation de droit, de chômage et de misère, la population manifeste à Saint-Denis suite à une affaire de mœurs impliquant un certain Buet, rédacteur en chef d'un des journaux de l'Île, La Malle.
Le 1er Décembre, c'est environ 2.000 personnes qui défilèrent en protestation.
En réponse, les forces de l'ordre chargèrent la foule faisant 1 blessé.

Le 2, le gouverneur Dupré qui souhaitait faire "une démonstration de force", convoqua les troupes d'infanterie pour un passage de revue en public.
Le 2 au soir, suite à une succession de contre-ordres et une confusion totale entre le gouverneur, le directeur de l'Intérieur (Gaudin de la Grange, véritable instigateur du massacre) et le Maire (Gibert des Molières), l'ordre fut donné de disperser la foule après l'usage des "trois sommations".

Ne saisissant pas la signification de cette procédure militaire la foule, pourtant paisible, resta sur place et les militaires chargèrent à la baïonnette et firent feu* avec un tel acharnement qu'ils provoquèrent une hécatombe.

Bilan : 9 morts et 40 blessés.

Le 4 Décembre, l'état de siège fut décrété à Saint-Denis, pour 6 mois.
 
(*Ndr/ Un simple passage en revue des troupes ne se fait jamais avec des munitions qu'elles soient "à poste" ou non. Le contraire, laisse supposer une éventuelle "préméditation" dans les faits qui suivront.)



Roussin, les fusillés du 2 décembre 1868 (emplacements des victimes).
 
 
     - Avril 1914, à l'aube du 1er conflit mondial se déroule à La Réunion des élections législatives. C'est à l'époque l'administration qui désigne et soutient les (ses) candidats.
L'ambiance est malsaine, la violence importante est complétée par la fraude, la corruption, les pillages organisés par des bandes armées et une véritable guerre civile semble prendre place.
A Saint-Pierre les gendarmes, sous le commandement du capitaine Desroches, ripostèrent à une attaque de "galets" par des tirs qui firent 3 morts, dont un enfant de 11 ans. 
Des événements similaires se dérouleront à Sainte-Rose et à Saint-Denis.

A l'issu du scrutin le candidat perdant, Brunet-Million, déclara :

"La Réunion est fatiguée des gouverneurs politiciens (Ndr/ le gouverneur Duprat, encore lui), ils déconsidèrent leur fonction jusqu'à se faire les agents d'un parti politique. Ils favorisent la dilapidation des deniers communaux. Entre leurs mains le budget colonial n'est plus qu'un fonds électoral. A la pression administrative s'ajoute l'oppression policière, les citoyens sont arbitrairement fouillés, arrêtés sur des faux témoignages, ils sont jetés en prison … Allez vous en, vous nous écœurez !"

(Ndr/ finalement les systèmes changent, mais l'incurie des "élites et gouverneurs" au pouvoir reste la même et la débilité des militant-e-s hystériques, identique …)

Bilan : 14 morts et 300 blessés.





    - Novembre 1942, dans la nuit du 27 novembre, se profil au large de Saint-Denis la silhouette d'un bâtiment de combat. Il s'agit du contre-torpilleur "Léopard"  des F.N.F.L., qui participe à l'opération "plan B" consistant à rallier La Réunion aux F.F.L. Le C.C. Evenou en est son Pacha, il a à son bord une unité de fusiliers-marins sous les ordres de l'E.V. Cadeac d'Arbaud.
Le 27 à 2300H un 1er groupe de reconnaissance (1 radio, 1 Tim. et 2 matelots) débarque à l'est du chef-lieu. Quelques heures plus tard, une unité de fusiliers (40) et 3 officiers débarque à son tour à l'ouest de Saint-Denis elle sera suivie par une seconde vague composée de 40 membres d'équipage et 4 officiers. L'ensemble prend alors; le palais du gouverneur, la gendarmerie, la banque centrale puis, la direction de Salazie accompagné du gouverneur Capagorry afin d'y obtenir la reddition du vichyste Aubert.
Entre temps le contre-torpilleur fait cap sur le Port-des Galets où l'accueille, après une tentative d'approche d'une vedette, la batterie de 95 commandée par le lieutenant Hugot.
Le "Léopard" riposte et un obus perdu fit 2 morts dans la population de la ville du Port. S'en suivront quelques escarmouches entre pétainistes et insurgés dont le bilan fut de 2 autres morts et un blessé.

Bilan : 4 morts



     - Février 1991, déclenchés par une décision étatique (le CSA) de mettre un terme aux émissions de la chaîne "Télé Freedom"les événements du Chaudron furent aussi l'expression d'un ras-le-bol général vis à vis de la situation économique de La Réunion et servirent d'exutoire aux plus démunis.
A l'origine de l'explosion, la décision très contestable du préfet Constantin de faire intervenir les CRS dans les rues de Saint-Denis
Ressentie comme une provocation par la population, la réponse fut une fois de plus celle des "grenades péi". 
Le 23 février les émeutes attinrent leur apogée, avec des scènes de destruction, de pillage et d'incendie. 
Le 26, huit pilleurs (dont 5 femmes) périrent carbonisés dans l'incendie du magasin qu'ils venaient dévaliser…


(Ndr/ une fois de plus, l'incapacité des autorités d'être à l'écoute de la population est à l'origine de cette tragédie. Il est cependant regrettable que cette radio, qui fut défendue par le peuple, serve quotidiennement la soupe au système …)
 
  
SOURCES
- Mémorial de l'Ile de la Réunion
- L'Histoire de La Réunion, D. Vaxelaire
- Zinfos 974
- Mi aim aou

 

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